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  • Spécial Sainte Lucie : La baie de Soufrière

    Le serpent qui se mord la queue

    Ce matin, le deuxième plus grand yacht du monde a fait son entrée dans la petite baie de Soufrière. Plus de 100 mètres de long, coque blanche immaculée, une armée de bras qui s’activent sur le pont, hélicoptère sur le pont avant, le contraste avec les petits gommiers est saisissant.

    Au nord et au sud de la baie, une vingtaine de bateaux de plaisance sont au mouillage face à la haie de palmiers et la forêt tropicale. Pour les habitants de la petite communauté, l’arrivée des touristes est vue de manière assez équivoque selon les interlocuteurs. Pour les clubs de plongée, les petits restaurants, les tour-operators locaux, ils représentent une manne économique non négligeable. Mais pour les pêcheurs, la cohabitation n’a pas toujours été facile.

    Dans les années 80, Soufrière devient une destination touristique à la mode, tant par l’attrait de son cadre exceptionnel que la richesse de ses fonds marins. Les plaisanciers et les plongeurs sont chaque année plus nombreux à venir jeter l’ancre sur un domaine maritime restreint.

    Résultat, des conflits éclatent entre les utilisateurs du milieu marin. Les pêcheurs se plaignent de ne plus pouvoir pêcher aux endroits et aux heures qu’ils souhaitent, les touristes ne comprennent pas pourquoi ils devraient limiter leurs activités.



    La situation dégénère tellement qu’en 1994, une solution doit être trouvée : l’aire marine protégée de Soufrière, la SMMA –Soufriere Marine Management Area- est créée, avec le soutien du Fonds Français pour l’Environnement Mondial. En quelques années, des zones d’activités prioritaires sont définies afin que chaque utilisateur puisse profiter au mieux du milieu marin.

    Ici des zones prioritaires de pêche, là des zones prioritaires de plongée, là-bas une zone de mouillage. L’aire marine est méthodiquement divisée et administrée.

    Pour le manager de la SMMA, la situation est aujourd’hui apaisée même si quelques tensions subsistent. « Le plus important a été de préserver les ressources marines, explique Kai. Sans elles, la baie de Soufrière n’offrirait plus aucun intérêt, à personne. » Les fonds marins ont en effet été particulièrement endommagé par la sur-utilisation du territoire. L’ancre des bateaux, les filets des pêcheurs et des plongeurs inconscients détruisaient petit à petit la couverture corallienne, habitat de milliers d’espèces sous-marines. « Si la SMMA n’avait pas été créée, la biodiversité de la baie de Soufrière serait aujourd’hui détruite, poursuit Kai. En cela, cette expérience est un bon exemple de gestion durable et globale d’un territoire. En résolvant des conflits humains qui se déroulent en surface, on règle le problème de la protection de la biodiversité. C’est elle qui attire les hommes. Sans biodiversité, plus de poisson pour les pêcheurs, plus d’attrait pour les plongeurs ! »