Sardaigne : Les fresques d'Orgosolo
Si le Nord de la Sardaigne a été très rapidement dégradé par le tourisme de masse (Costa Smeralda), tout le reste de l’île offre des paysages encore sauvages, à vous couper le souffle : eau cristalline ; villages pittoresques ; plages calmes et comptant parmi les plus belles de la méditerranée ; tombes de géants (troglodytes)…
Orgosolo se situe en plein cœur de la Sardaigne, dans la province de Nuoro, au pied du mont Lisorgoni. Ce petit village, perché à 620 mètres d’altitude, regorge de peintures murales : 400 y ont été recensées. Ces peintures trouvent souvent un thème de prédilection dans les événements politiques : luttes locales ; combats internationaux ; conflits avec l’Etat italien.
Au détour des ruelles, vous rencontrerez donc un Charlot partant en croisade contre la guerre, le massacre estudiantin de Tian-an-men ou encore la statue vacillant sous la pression populaire de Saddam Hussein. Les peintures retracent également la vie du village, le quotidien de ses habitants et des bergers. Un vieillard barbu assis et tenant son fusil à la main vous accueille à l’entrée du village. Non loin de lui, une petite fille écoute aux portes, et dans le coin d’une ruelle une femme vous indiquera le chemin pour consulter le docteur.
La première fresque murale date de 1969. Elle a été créée par un groupement anarchiste venu de Milan : Dioniso. Après avoir vu le film Banditi a Orgosolo, le professeur de dessin Francesco del Casino s’installe à Orgosolo, en 1975. Il y réalisera de nombreuses peintures pendant près de vingt ans, et fera des émules parmi les femmes du village qui continueront la tradition de peinture murale à vocation politique, afin d’engendrer la discussion. Désormais de nombreux artistes viennent à Orgosolo et continuent de peindre, le plus souvent en conservant le caractère collectif des fresques, et de donner la parole aux murs.